Évocation des faits historiques du Royaume de Loango

Mesdames, Messieurs

Heureux peuple des Loango

Point n’est besoin pour moi de faire devant cette importante et majestueuse assemblée un cours magistral sur l’évocation des faits historiques du royaume Loango, humblement et à grands traits, je vais en déterminer les contours vitaux.

D’où viennent les Loango ? Le professeur Théophile Obenga remonte l’origine de ces peuples au Pays de Pount, dans la basse Egypte.

Dans leur pérégrination, les Loango descendront vers le sud pour créer avec d’autres peuples le Royaume de Vungu sur la rive droite du fleuve Congo dans l’actuelle région du Bas-fleuve et Mayombe, en République démocratique du Congo.

A partir du XIe siècle, d’après Jean Claude Nguinguiri et Marcel Soret, les Loango vont sortir du Royaume de Vungu pour fonder un ensemble de royaumes ainsi dénommés Ngoyo, Kakongo, Loango.

Le Royaume des Loango à son apogée englobait les États actuels de la République démocratique du Congo (R.D.C. foyer originel), du Cabinda, du Gabon, et du Cameroun.

Avec la traite transatlantique des noirs, les Loango furent utilisés comme captifs dans les plantations de café et de cacao dans les iles de Sao Tomé et principe, à Fernando Pô (île de la Guinée équatoriale).

De même que plusieurs d’entre eux furent esclavagisés dans les Amériques, les Antilles et l’île de la réunion où la culture Loango demeure forte et vivace jusqu’à ce jour.

Avec l’abolition de la traite des noirs, plusieurs Loango appelés « Retournés » reprirent chemin de retour et s’installèrent au Liberia, en Sierra Léone voire en Casamance.

Auxiliaires de l’administration coloniale, avec la construction du chemin de fer Matadi-Léopold ville, les Loango émigrèrent dans l’ex Congo Belge pour sa construction et comptèrent parmi les grands Kalaka (c’est-à-dire l’élite de ce pays).

De même qu’ils furent les Bâtisseurs de la ville de Grand-Bassam, première capitale de la Côte d’Ivoire.

Qui sait que le compositeur de l’Abidjanaise, l’Hymne national de la Côte d’Ivoire fut l’Abbé Pierre Michel Pango (1928-1993), un Loango ?

Qui sait que le premier évêque autochtone de la Guinée Conakry Monseigneur Raymond Tchidimbo (1920-2011) fut originaire du Loango ?

Les Loango sont les « inventeurs » de la décentralisation qu’ils appliquaient avec force de vertu. Comment pouvait-il en être autrement pour un royaume dont la superficie était presque la moitié de la France avec des difficultés énormes de communication.

Comment pouvait-il être autrement pour ce royaume qui était en réalité une confédération de plus de quinze tribus ?

Majesté Moe Paka Sindji Un’Tukuni, je reprends respectueusement pour vous cette phrase du grand soufiste Rûmi, je cite : « sois reconnaissant à tous ceux qui viennent car chacun est un guide qui est envoyé de l’au-delà ».

En effet, la magnificence de la cérémonie d’intronisation de ce jour a été précédée par celle qui a prévalu dans le monde parallèle, celle de la nuit, du « Niimbi » cher au Loango.

Dans ce monde connu des seuls initiés, vous avez reçu de Bunzi, le dieu des Loango entouré de ses grands prêtres « Bithomi Bi Bunzi » et des gardiens mystiques « Boundoung » la table des lois composées des armoiries du Royaume des Loango et du fétiche à clous « Un Kissi Nkondi ».

Les armoiries du Royaume des Loango ont une symbolique forte explicitée par le professeur Honoré Mobonda.

En effet, la main ouverte aux sept étoiles incarne non seulement les sept provinces du Royaume des Loango, mais plus encore puisque les Loango tirent leur pouvoir de « Luangu » du ciel des sept étoiles de la pléiade, des sept couleurs de l’arc-en-ciel, des sept étoiles du Si-Mou Luangu et des sept années probatoires d’assise du pouvoir du MA-Loango.

« Le fétiche à clous » Un Kissi Nkondi dont Denett a forgé l’expression de N’Kissisme est notre Dieu Janus.

En ce moment exceptionnel où Majesté Moe Paka Sindji Un’Tukuni vous allez être drapé d’or et de pourpre, le Kissi Kondi va vous permettre d’enfoncer le clou salvateur d’exorcisme du mal qui a failli comme un ver pernicieux pourrir « le fruit si doux de l’arbre à pain » du Royaume des Loango, pays de cocagne où coule à profusion le lait, le miel, le pétrole, le gaz et bientôt les potasses.

La main ouverte sur fond blanc n’est pas seulement un signe de pureté et d’innocence, elle se décrypte en ces mots de sainteté « Ris, Souris à la vie »

Majesté Moe Paka Sindji Un’Tukuni, Roi des Loango avec vous s’ouvre une ère nouvelle où tous les Loango vont réapprendre à sourire à la vie.

Marchons allègrement ensemble avec fierté vers des lendemains prometteurs en entonnant la chanson fétiche de notre Nostradamus, le Thaumaturge Pierre Tchicaya de Boempire.

Bang’da-Bang’da-Bang’da.
Ba dondo baati, mpêl kuandi hyo
J’ai dit. Je vous remercie
Frédéric Pambou