Le nouveau roi de Loango, région côtière du Congo-Brazzaville, a été intronisé début novembre à Diosso (ouest), siège du royaume, mettant ainsi fin à plus de quatre ans de querelles de succession entre chefs de clans.
Moe Tati 1er, âgé de 72 ans, ancien militaire de l’armée française, a été intronisé le 4 novembre en présence des représentants de toutes les institutions congolaises et de l’épouse du chef de l’Etat, Antoinette Sassou Nguesso.
Confédération fondée en 1475 et regroupant quinze tribus, le Loango, dont la capitale est proche de Pointe-Noire, sur le littoral atlantique, est par la taille le deuxième royaume traditionnel au Congo, après le royaume Téké qui s’étend au Congo-Brazzaville, au Gabon et en République démocratique du Congo (RDC).
Le nouveau souverain avait été élu, parmi une dizaine de prétendants, le 29 août 1996 par les notables, les chefs de clans et les membres de la famille royale convoqués en assemblée générale à Diosso. Il succédait à son oncle, Moe Poaty III mort depuis plusieurs années, en vertu de la loi du royaume prévoyant que la succession du roi ne peut être confiée qu’à l’un de ses neveux.
Son investiture a été bloquée pendant quatre ans par des querelles de succession. En dépit de la loi coutumière, un des fils du souverain décédé s’était en effet auto-proclamé roi et avait même commencé à régner, sans avoir été intronisé.
En 1999, le préfet de la région du Kouilou, où se trouve Diosso, Alexandre Honoré Paka, est parvenu à mettre fin à la guerre de succession.
Les royaumes traditionnels n’interviennent pas directement dans la vie politique au Congo, mais leurs chefs sont courtisés par les responsables politiques pour leur influence sur leurs sujets. Cela se manifeste particulièrement en période électorale, lorsqu’il s’agit de solliciter les suffrages des sujets.
Avant d’être intronisé, Moe Tati 1er a subi de nombreux rites initiatiques. Il a été d’abord interné dans le petit village de Sitou Nkola, loin de Diosso, puis transféré à Bilala, localité voisine où il s’est isolé pendant six mois pour subir des « sacrifices traditionnels », selon son entourage qui n’a fourni aucune précision sur ces cérémonies.
Le 4 novembre, Moe Tati 1er a été conduit à Diosso sur une chaise à porteur, entouré des membres de la cour et de sa garde. Accueilli par des chants, le nouveau roi a pris place dans une voiture offerte par le président Denis Sassou Nguesso, avant de s’installer dans son palais encore en construction.
Pour Moe Tati 1er, les cérémonies initiatiques ne sont cependant pas achevées. Il va désormais subir, pendant sept ans, les dures épreuves consécutives aux « pratiques magico-religieuses » que les chefs de clans lui imposeront.
S’il triomphe, le roi sera élevé à la dignité de « Ma Loango », détenteur à la fois du pouvoir temporel et de la puissance spirituelle. Sur les dix derniers souverains du Loango, seuls trois ont franchi avec succès ces épreuves.
AFP, Brazzaville, 13 novembre 2000