Líkáándà lí kóókù lísíímbà mbótà sámbwáálì.
paume / con. / main / tenir / étoile / sept
“La paume de la main qui tient sept étoiles” ou “La main aux sept étoiles.”
L’icône illustrant cette devise que porte l’écusson de l’État représente une main ouverte, paume en avant, au-dessus de laquelle sont disposées en arc de cercle sept étoiles, lesquelles symbolisent les sept provinces (Loandjili, Mampili, Tchilunga, Nga Nkanu, Makangu, Mayombi, Mankugni) de l’État. Le tout étant surmonté d’un python symbolisant la puissance et la force calme. Toutes ces provinces devaient cependant contribuer de manière indéfectible à la gloire et au rayonnement du Loango. Mais, outre le fait que l’icône dans son ensemble signifiait l’autorité du souverain sur toutes les provinces et caractérisait l’intégrité territoriale et l’intangibilité de cet État.
En effet, on ne dira jamais assez que cette agrégation des étoiles sur la main est emblématique de l’unité et la cohésion. C’est ainsi qu’il sied de noter que la main est le symbole le plus prégnant de l’union dans la diversité. Aussi conscients de la pluralité ethnique – richesse indéniable – et en prévision d’éventuelles frictions intercommunautaires, les ancêtres avaient pressenti la nécessité de jeter les bases d’une coexistence pacifique et de la concorde au sein d’un même État.
Il ne saurait être exagéré de poser qu’ici se profilent certaines des caractéristiques de base structurant une Nation digne de ce nom, laquelle se veut unie et indivisible. Une Nation qui, au demeurant, n’exprime sa quintessence que dans ce facteur singulier d’une histoire commune, d’une même culture et d’une même religion.
Une autre interprétation consiste dans le fait que le monarque du Loango doit être doté des qualités nécessaires et avoir la capacité idoine de diriger le royaume, tant sur le plan temporel que spirituel. C’est ainsi qu’il y a deux étoiles qui représentent les oreilles pour entendre et écouter les divinités, les mânes ainsi que les doléances du peuple ; deux étoiles représentant les yeux pour voir dans le nimbi « le monde parallèle ou mystique » ainsi que la réalité sociale et envisager d’éventuelles solutions quand c’est nécessaire ; deux étoiles représentant les narines pour sentir d’où vient la menace et le danger pour envisager la parade appropriée ; une étoile représentant la bouche pour parler et instruire le peuple sur la vision, l’orientation et la direction qu’il envisage pour le royaume.
En fait, au Loango le monarque, suite à une initiation en bonne et due forme suivie de son intronisation, doit entreprendre un périple dans les sept provinces du royaume et dont le clou était en dehors du royaume de Loango, au tshibila “sanctuaire” de Bunzi, (déité suprême du panthéon Kongo) à Banana non loin de Moanda (État de Ngoyo, Kongo central en RD Congo), est investi d’un pouvoir tel que dans l’exercice de la fonction, il doit s’investir pleinement dans une double dimension : métaphysique et temporelle. Pour ce faire, il est non seulement le garant de l’unité et la cohésion au sein du royaume, mais il est tenu d’incarner la prescience, la vision, le dialogue, la défense de l’État, la protection et la préservation de l’intégrité territoriale.
En somme, au regard des redoutables fléaux de l’ethnocentrisme, le tribalisme, le régionalisme, véritables cancer qui gangrènent notre société, les congolais feraient mieux de reconsidérer l’histoire du pays pour y puiser des repères qui fondent l’unité et la cohésion nationales, le vivre ensemble et la coexistence pacifique sinon en bonne intelligence.
Extrait de “Panorama de la littérature orale du Loango.” Editions Paari, 2016
René Mavoungou Pambou
Bowamona Keb’Nitu
N’tu Mbali Wuta Lwangu
“La tête pensante qui déclame le Loango”
Ethnolinguiste de formation
Linguiste-bantuiste et chercheur en civilisation kongo
Promoteur de la vilitude