Ngangue Mvumba
Pendant les sept premières années de son règne, le nouveau souverain, élu, porte le titre de « Ngangue Mvumba » (devin qui couve) ; comparé à l’oiseau couvant précautionneusement ses œufs ; il est celui dont la puissance et la sollicitude s’étendent au loin et recouvrent tout le royaume. Le mot Ngangue signifie adresse, intelligence.
Le terme de Ngangue souligne la nature spécifiquement magique des « forces acquises » par le Ngangue Mvumba entre son élection et son intronisation, à l’issu d’une retraite dans le Mayombe auprès des devins (« Singangue ») les plus réputés qui lui dispensent de nombreux pouvoirs destinés à renforcer son autorité et à le prémunir contre toute agression.
Avant son intronisation en 2000, le Roi Moe Taty Ier s’était retiré à Sintoukola pendant plus d’un an pour acquérir ses forces magiques qui lui permis d’asseoir sa puissance, son pouvoir et son autorité dans le royaume.
Par sa réputation de clairvoyance et de prestige, Ngangue Mvumba joue aussi un rôle social dont la fonction première est de maintenir la sécurité et la prospérité du royaume.
Le Malwa : gu
Le terme de « lwa : gu » signifie à la fois fonction, dignité royale du royaume, pouvoir au sens le plus complet du terme.
Le « Ngangue nvumba » ne peut traditionnellement acquérir le titre de Malwa :gu, (détenteur du pouvoir ) qu’après sept années de règne exemplaire, au terme d’un voyage à travers les sept provinces, au cours du quel il doit être agréé par les « bithomi » les plus puissants et triompher de nombreuses épreuves témoignant de ses capacités physiques et morales.
Ce périple dure plusieurs mois. Le roi assis dans une sorte de palanquin appelé « lwa : du, est accompagné d’une nombreuse escorte. Le cortège ne doit rencontrer sur sa route aucun individu armé. Chaque nuit le roi dort en compagnie d’une jeune fille vierge vis-à-vis de la quelle il doit faire preuve de la plus grande réserve gestuelle et verbale. Celle-ci sera, au terme du voyage, longuement examinée et questionnée sur le comportement du Ngangue nvumba à son égard. Ce dernier visite dans chaque province le sanctuaire du génie le plus vénéré, devant lequel il effectue des libations de vin de palme, il est porteur d’une ceinture en peau de léopard appelé en Vili « tchinka : da ».
Le roi Moë Poaty Ier surnommé Kamangu et fils de Nombo Sinda (fondatrice de la dynastie Loango) a eu accès à cette dignité de Malwa : gu. Il maîtrisait les éléments naturels, possédait de nombreux pouvoirs magiques et pratiquait la divination.
Le périple par lequel le roi visite et honore les principaux sanctuaires du royaume et obtient le titre de Malwa : gu, constitue une consécration spécifiquement religieuse qui abolit rituellement l’antagonisme opposant le pouvoir royal et les « Fumu si » possesseur des droits spirituels sur la terre.
S’il triomphe, le roi sera élevé à la dignité de « Mâ Loango« , détenteur à la fois du pouvoir temporel et de la puissance spirituelle. Sur les dix derniers souverains du Loango, seuls trois ont franchi avec succès ces épreuves.
La Maison du Roi
Le roi réside avec ses épouses « bankhama » à Tchigangue Mvumba, lieu sacré vers lequel, selon une croyance populaire, aucun blanc ne pouvant autrefois s’aventurer sans s’égarer, malgré l’existence d’une piste soigneusement entretenue et les cartes les précis.
Son habitation est construite peu avant le sacre (« lubialulu ») par les chefs des clans primordiaux de Diosso, qui se sont préalablement succédé dans un ordre identique à celui des arrivées de leurs ancêtres sur le site de Bwali pour désherber l’emplacement choisi, sous la direction du chef du clan.