Dans de nombreux écrits publiés sur le peuple de Loango, j’ai été amené à faire deux constats: le premier consiste dans la tendance de certaines personnes considérant le royaume de Loango comme ethniquement homogène, c’est-à-dire composé que des seuls Vili. D’emblée, il convient de souligner que cette vue de l’esprit est loin de cadrer avec la réalité ethno-linguistique et sociologique. C’est une grossière imposture manifeste que d’étiqueter les Vili comme l’ethnie référentielle du Loango.

Le second constat réside dans le fait que certains auteurs parlent des Loango, de l’ethnie loango ou de groupe ethnique Loango désignant ainsi singulièrement les Vili. Il n’est pas aussi rare d’entendre des concitoyens d’autres régions, un brin goguenards, traiter ces mêmes Vili de Baloangu (sing. Muloangu).

D’un point de vue ethnographique stricto sensu ces appellations sont impropres et relèvent d’un contre sens, quand ce n’est de l’intoxication pure et simple. Ce déplorable et indécent amalgame est loin de faire l’unanimité auprès des natifs du Kouilou, du Niari et d’une partie du Gabon1 revendiquant leur appartenance au royaume de Loango2. Je suis tenté de dire que certains concitoyens parlent des choses dont ils sont loin d’avoir la maîtrise. Ce qui dénote à l’évidence d’une cruelle méconnaissance de nos réalités et notamment de l’histoire du Congo notre patrie, laquelle histoire n’est hélas pas connue du grand public, faute d’être prise en compte et enseignée.

Cet état de fait est d’autant plus contrariant que cette méprise est souvent le fait du gotha intellectuel, dont récemment un universitaire ayant assumé des fonctions ministérielles et même un journaliste publiant dans les colonnes d’un site internet. A ce dernier notamment, je rappellerais que le journalisme requiert de la probité et surtout un devoir de respect de la déontologie qui suppose rigueur et efficacité dans la gestion de l’information à mettre à la disposition du public. Cela vous éviterait l’impair qui consiste à prendre vos fantasmes pour des réalités. Le moins que l’on puisse dire c’est que, de manière générale, le paysage ethnique congolais à vocation d’être « un damier inextricable. »

Aussi, le royaume de Loango ne saurait faire abstraction de la règle, d’autant qu’il est, par essence, une entité pluri-ethnique. Il n’y a l’ombre d’aucun doute, dès la genèse ses 27 clans primordiaux de souche kongo étaient composés des Vili, Yombe, Lumbu, Kuni ainsi que des Woyo, Kotshi, Lindji. Toutes ses composantes ethniques doivent être reconnues comme telles, d’autant qu’elles font partie de l’édifice commun que représente le royaume. Alors pourquoi s’évertue-t-on à occulter l’évidence au point de générer des frustrations et tensions inutiles quand on sait que le corps social sombre dans un état précaire – gangrené par des métastases – du fait des chantres du sectarisme, du tribalisme et de l’ethnocentrisme ?

On ne peut pas exclure un tant soit peu délibérément un groupe ethnique d’une entité auquelle il appartient, dans le temps et dans l’espace, sans verser dans le jeu pernicieux et funeste de l’irrédentisme qui demeure le fonds de commerce des braconniers et fossoyeurs de la concorde et l’unité nationale. On ne peut pas non plus travestir une vérité historique dans le seul dessein de flatter son ego.

A l’heure où le Congo, plus que jamais, aspire à se réconcilier avec lui-même, au lieu de continuer à agiter le chiffon rouge de l’ethnicisme, avec les consequences que cela implique, il s’avère impérieux de plonger dans l’histoire afin d’y trouver des ressorts pour de nouvelles perspectives.

En effet, il est de notoriété publique qu’il a existé et il existe dans la partie Sud du Congo-Brazzaville un royaume ou un État dénommé Loango, au sein duquel ont toujours cohabité les Yombé, Lumbu, Kugni, Vili … sans oublier les pygmoïdes Bongo. Les quatre premières ethnies faisant partie des 27 clans primordiaux kongo3. Celles-ci venant de Kongo dia Ntotila « Kongo du roi » ou Kongo dia Ntete « Kongo des origines », capitale N’kumba Ngudi “nombril de la mère”, ont migré sur les terres dont les pygmoïdes Bongo étaient les autochtones. Les conquérants Kongo comportaient une puissante confrérie de forgerons, « celle des Buvandji, appuyée sur un corps de guerriers entreprenants s’imposant aux populations locales. Un État s’érigea, qui reçut le nom de Loango, terme désignant le pouvoir (lwaangu = le commandement politique) »4. Grâce à eux, le pays est conquis par les armes. « Leur installation, souligne Soret, se fait par la force et non par le droit »5.

Mais, il est assez navrant de constater que dans la conscience collective congolaise les Vili ne soient considérés comme les seuls représentants du royaume de Loango. Même si de par l’histoire, il est établi que les Vili ont joué un rôle prépondérant dans la gestion des affaires du royaume, il n’en demeure pas moins que les autres entités ethniques constituaient des maillons importants tant sur le plan politique qu’économique. C’est pourquoi il sied de souligner que les paisibles Bongo « pygmées, » que l’on traite aujourd’hui avec condescendance, avaient leur place au sein de l’État de Loango.

Les Bongo, natifs de la terre du léopard, joueront un rôle politique éminemment décisif dans l’émergence de la seconde dynastie de l’État de Loango. En fait, ils jouissaient d’une considération telle que pour décrisper la grave crise politique et institutionnelle survenue après le règne de la dynastie conquérante Buvandji. Les notables des 27 clans primordiaux consultèrent Bunzi, la divinité suprême des Kongo, lequel suggéra d’opter pour le choix d’un sang neutre afin de sauver le trône de Bwali.

C’est ainsi qu’à la suite d’une longue délibération, les notables portèrent leur choix sur une fille pygmée pubère, en l’occurrence N’nombo Sinda, laquelle allait devenir la mère d’une lignée de souverains du Loango. Mais un fait de la plus grande importance, mérite d’être signalé. En effet, quand N’nombo Sinda revient de Boma – dans l’État de Ngoyo – où elle avait été envoyée à la demande du Tshitomi tshi Bunzi « grand prêtre et gardien du sanctuaire de Bunzi », elle est enceinte de ce dernier. L’enfant qui naîtra était de sexe feminin, nommée Mwe Ntumba, ne satisfaisait pas les attentes du peuple de Loango. C’est ainsi que N’nombo Sinda fut mariée à un prince de Bwali. De ce couple naquit un garcon qui deviendra Mwe Mpoati 1er dit Kamangu6. En fait, il fut le premier Maloango de la seconde dynastie.

Signalons par ailleurs qu’il est attesté un système de filiation matrilinéaire au Loango, donc de N’nombo Sinda et sa fille Mwe Ntumba découleront naturellement deux clans princiers : Kondi et Nkata qui rivaliseront pour la compétition de l’accession au trône.

Or, nous savons que le sanctuaire de Bunzi se trouve en pays Yombe. Donc, il y a tout lieu de croire que le Tshitomi tshi Bunzi fut un natif Yombé (de l’actuel Congo-Kinshasa) et les deux femmes desquelles naîtront les futures monarques étaient également des étrangères au royaume. Il est cependant important de souligner que selon une conception du peuple de Loango le sang ne se transmet essentiellement que par la mère. De ce fait, on comprendra que la solution envisagée pour sauver le trône de Bwali fut on ne peut plus radicale, tant le sang de la nouvelle dynastie était totalement exogène.

Il n’y a pas de sacrilège ni de crime de lèse-majesté à le dire : les monarques de la seconde dynastie qui se sont succédés au trône du Loango, depuis la période féodale, jusqu’à nos jours sont les descendants d’une Bongo « pygmée » anoblie. Le fait qu’on ait accordé un tel privilège aux Bongo, peuple que les Kongo ont combattu pour lui déposséder de ses terres, témoignait à l’évidence d’un esprit d’humanisme, de magnanimité, d’altruisme et de tolérance de la part des conquérants. Le sang est un vecteur métaphysique et catalyseur identitaire. Et sous ce rapport, l’apport du sang bongo au trône avait pour effet de changer la donne et surtout de renforcer les inclinations. On peut aussi voir dans cet acte empreint de mansuétude une compensation ou du moins une réparation à l’endroit des Bongo. Vaincre un ennemi est une chose, mais il importe de ne pas l’humilier. Ceci ne participe que de la saine raison et de la grandeur d’âme. C’est pourquoi il est aisé de se rendre compte qu’après avoir relégué les Bongo dans la forêt, où ils y trouvèrent un havre, il était normal de leur faire comprendre qu’ils n’étaient en rien des parias d’autant que leur sang a contribué non seulement à assurer la pérennité du trône, mais aussi à sceller la paix.

En outre, sur le plan linguistique l’intercompréhension entre ces différentes ethnies de souche kongo est pertinente et l’unité culturelle du peuple de Loango n’est plus à établir. La communauté d’origine et les affinités linguistiques entre ces différentes ethnies s’imposent avec une force d’évidence en dépit des variations dialectales. A ce propos le toponyme Nkaaka-mweeka ou Kakamoeka « seul et même ancêtre », nom d’une sous-préfecture de la région du Kouilou, en est la probante illustration. Ce nom traduit à l’évidence, dans la conscience collective, un rappel de la commune ascendance des différentes entités ethniques du Loango.

Signalons qu’une constante des valeurs morales est fondée sur la cohésion sociale. En effet, ces ethnies affirment par là avoir une seule et même une filiation commune. Et l’ancêtre dont il est fait allusion n’est autre que le muntu kongo ou musa kongo « le natif du Kongo » dont le plus emblématique est le thaumaturge et illustre chef Bunzi qui, après les avoir fait traverser le fleuve Kwangu ou Mwila N’nena « le majestueux fleuve » grâce à ses miracles, deviendra à titre posthume la plus grande divinité du panthéon kongo.

On ne soulignera jamais assez que Bunzi fut l’instigateur de l’exode d’une frange de la population de Kongo dia Ntotila. Après sa mort il sera naturellement déifié et vénéré par les Kongo de Ngoyo (RD Congo), de Kakongo (Cabinda) et de Loango (Congo-Brazza et Gabon) dans un tshibila « sanctuaire » de Banana, non loin de Moanda, dans l’État de Ngoyo (Sud-Ouest de l’actuel Congo-Kinshasa). Ce lieu est à la fois institutionnel et sacré, source de l’autorité politique et religieuse. Tout futur Maloango, en prélude à son sacre, devait impérativement visiter ce sanctuaire, lors d’un voyage pré-sacral à caractère initiatique.

Le lien entre le Loango et les États voisins Kakongo, Kongo et Ngoyo était tel que le roi de ce dernier, dont la capitale est Boma, offrait une fille vierge à chaque Maloango accédant au pouvoir. Ce charmant tribut avait pour effet de perpétuer, dans la descendance de chaque souverain, le souvenir des origines communes de ces quatre États. Il appert, de toute évidence, que les nobles de Loango ont même des liens génétiques avec les Woyo ou Yombé7 du Congo- Kinshasa. Ceci demeure indéniable tant le fait historique l’a établi. Signalons en passant que les Vili ont pendant longtemps effecté des pélérinages au sanctuaire de Bunzi à Banana où était établi une colonie des ressortissants du Loango, dans un quartier appelé Belo cya Bavili “quartier des Vili”8.

A la lueur de ce qui précède, il n’est donc guère approprié d’attribuer le nom Loango aux seuls Vili, moins encore de désigner globalement toutes les ethnies du Kouilou sous ce vocable. La raison et le bon sens ont toujours présidé auprès des gens de Loango, c’est pourquoi aucune ethnie ne s’est prévalue de ce toponyme au point d’en faire sa marque déposée. Ce qui manifestement est une meilleure façon de se prémunir d’éventuelles velléités ethnocentriques.

Loango reste le nom d’un Etat ou d’un royaume. Il serait cependant maladroit qu’on en fasse un glossonyme ou un ethnonyme pour les Vili, au risque de générer inutilement des frictions dans un pays où l’ethnicisme revêt désormais l’allure d’un volcan non éteint. Il appert cependant que même d’un point de vue démographique, au sein du peuple de Loango ainsi constitué, les Vili ne représenteraient qu’une infime minorité. Dans ces conditions penser que le Loango fut essentiellement un royaume Vili relèverait d’une aberration et une imposture frisant l’inculture.

Pour des raisons de commodité historique, à défaut de désigner nommément chaque entité ethnique, il sied de parler des Kongo du royaume de Loango ou les Kongo de la région du Kouilou. Ceci est d’autant plus évident qu’il existe un clan dénommé à juste titre Bakongo; lequel est disséminé dans le Mayombe. Comme on peut le constater, ceci caractérise manifestement le lien originel, filial et historique entre non seulement les Kongo du Kouilou et ceux de l’ancien Kongo dia Ntotila, mais aussi avec ceux des autres régions du Congo, de l’Angola, du Congo-Kinshasa et du Gabon. Ceci est parfaitement et sans coup férir illustré par l’expression métaphorique suivante :

Makongo n’nuni, Maloango n’kasi, Mangoyo n’tumi si. “Makongo le mari, Maloango l’épouse, Mangoyo le guide.”

On comprendra ici que le Kongo demeure le lieu des origines ou du moins le foyer de notre civilisation. Le Loango est l’épouse issue de Kongo, à l’instar de la femme tirée de la côte de l’homme dans la tradition judéo-chrétienne. Le Ngoyo fut un haut lieu du sacré et un centre névralgique, dans ce sens qu’il était par excellence un creuset spirituel et politique. Ces Etats étaient entièrement sous l’emprise du sacré qui légitimait le pouvoir et inspirait les grandes décisions.

Au travers de cette expression on peut, indubitablement, entrevoir un pacte tacite de non agression entre des États kongo, se réclamant des mêmes origines et étant sous la férule ou du moins la mouvance d’une même divinité, en l’occurrence Bunzi. En d’autres termes on dirait qu’il s’agit manifestement d’une volonté affirmée de différents peuples des États kongo, se réclamant d’une ascendance commune, de sceller des rapports de bon voisinage et surtout de vivre en bonne intelligence.

On ne saurait passer sous silence un détail, non négligeable, qu’est la présence du radical – ngo « léopard » dans le nom de chacun de ces États (ko-ngo, kako-ngo, ngo-yo, lwa-ngo). Cet élément n’est guère anodin, dans la mesure où il en dit long en ce qui concerne notamment la communauté des origines des États kongo. Ils gardent, de ce fait le souvenir de s’être établis sur une terre infestée de léopards, redoutable félin dont les migrants kongo ont subi la férocité. Il est cependant aisé d’imaginer qu’avant de se rendre maître des terres, ils avaient dû payer un lourd tribut. Ayant naturellement été impressionnés par les singulières qualités de cet animal, le léopard deviendra le symbole de la majesté, la puissance et de l’autorité chez les kongo.

Il convient cependant de souligner qu’à l’origine, l’influence du royaume de Loango s’étendait jusqu’au fleuve Kwangu9 au sud, donc couvrant le Kakongo et Ngoyo10, et dans la partie septentrionale, jusqu’au delà de Mayumba au Gabon. Elle impliquait également le versant Est de la chaîne du Mayombe dont une infime partie de la vallée du Niari. De ce fait, le Loango comptait sept provinces, dont chacune était sous l’autorité d’un gouverneur. Pour rendre plus manifeste l’intégrité territoriale et l’intangibilité de cet État, on édicta une devise : 

líkáándà lí kóókù lísíímbà mbótà sámbwáálì.

« La paume de la main qui tient sept étoiles, » ou « la main aux sept étoiles. » 

L’icône illustrant cette devise que porte l’écusson de l’État représente une main ouverte, paume en avant, au dessus de laquelle sont disposées en arc de cercle sept étoiles, lesquelles symbolisent les sept provinces (Loandjili, Mampili, Tchilunga, Nga Nkanu, Makangu, Mayombi, Mankugni) de l’État. Le tout étant surmonté d’un python symbolisant la puissance et la force calme. Toutes ces provinces devaient cependant contribuer de manière indéfectible à la gloire et au rayonnement du Loango. Mais, outre le fait que l’icône dans son ensemble signifiait l’autorité du souverain sur toutes les provinces et caractérisait l’intégrité territoriale et l’intangibilité de cet État, on notera que la main est le symbole le plus prégnant de l’union dans la diversité. Aussi, conscients de la pluralité ethnique – richesse indéniable – et en prévision d’éventuelles frictions intercommunautaires, les ancêtres avaient pressenti la nécessité de jeter les bases d’une coexistence pacifique et de la concorde au sein d’un même État. Il ne saurait être exagéré de poser qu’ici se profilent certaines des caractéristiques de base structurant une nation.

En somme, il sied de noter que les Yombé, Lumbu, Kugni et Vili, se réclamant d’une ascendance commune, constituaient l’ensemble des forces vives de l’État de Loango. Il est cependant vain, au regard de ces liens historiques, culturels et génétiques avérés, d’entretenir des divisions au sein du Loango, car ce ne serait là qu’une façon lamentable de trahir la mémoire de nos ancêtres. On ne saurait sacrifier les valeurs ataviques et ontologiques sur l’autel d’une prétendue civilisation occidentale, tant elle porte les germes de l’aliénation et se révèle implacablement mémoricide. Nos ancêtres n’avaient guère failli dans leur idéal du vivre ensemble – en bonne intelligence – dans la pluralité.

Aussi, avaient-ils pleinement assumé la diversité ethnique au sein d’un même Etat. En effet, si les ancêtres kongo du Loango avaient cultivé une vision unitaire de l’État au point de faire une place pour le moins honorable à l’ethnie Bongo, dont ils conquirent les terres, pourquoi les congolais ne devraient-ils pas, faire preuve d’atavisme en vue d’une dynamique de cohésion et de concorde nationales? Nous devons nous prémunir du révisionnisme, du négationnisme et de la falsification ambiants de notre histoire. Notre passé est jalonné de nombreux repères historiques, lesquels nous sommes tenus de prendre en considération et de nous en inspirer afin d’ériger la nation congolaise.

Aujourd’hui, plus que jamais, le devoir de mémoire s’impose! Les congolais gagneraient non seulement à procéder à une introspection ponctuée d’une imprégnation de leurs propres réalités historiques, ethnologiques, anthropologiques et sociétales, mais il convient surtout de les prendre en compte en vue d’une résurgence de la conscience civique et historique. Pour un Congo nouveau, résolument tourné vers le progrés socio-économique et le développement durable, il nous faut assumer notre histoire et surtout transcender les clivages ethniques, véritable boulet qui, chaque jour davantage, nous enfonce inéluctablement dans le bas-fond du dépotoir des rebuts de l’humanité.

Du reste, il y a une impérieuse nécessité de construction d’une conscience historique afin de se projeter dans le futur et en même temps solutionner des problèmes du présent. En outre, on ne dira jamais assez que c’est sombrer volontiers dans l’obscurantisme rétrograde que cette attitude incongrue qui consiste à occulter et traverstir la vérité historique! C’est pourquoi il importe de faire face à l’histoire et de l’assumer de manière décomplexée en face de l’altérité.

René MAVOUNGOU PAMBOU
Bowamona Keb’Nitu
Ethnolinguiste de formation
N’tu Mbali Wuta Lwangu
La tête pensante qui déclame le Loango”
Ethnolinguiste de formation
Linguiste-bantuiste et chercheur en civilisation Kongo
Promoteur de la Vilitude

Auteur de : Proverbes et dictons du Loango en Afrique Centrale : langue culture et société, Paris, BAJAG-MERI, Tome1 1997, Tome 2 2000. Panorama de la littérature orale du Loango, Paris, PAARI, 2016.

1- Mayumba (actuel Sud-Ouest du Gabon), une des cités du royaume de Loango, dont la population locale était majoritairement constituée d’un mélange de Lumbu et Vili. C’est également dans cette même région gabonaise que l’on trouve la localité du nom de Petit Loango. Il convient de signaler que la ville de Libreville avait était fondée par 400 esclaves, majoritairement Vili, venant du Royaume de Loango, lesquels avaient été libérés, lors de la traite interlope, des suites de l’arraisonnement l’Illizia, navire négrier qui les transportait vers le Nouveau Monde.

2- MERLET (A.), Autour du royaume de Loango XIVè-XIXè siècles, Libreville-Paris, SEPIA, 1991.

3- HAGENBUCHER-SACRIPANTI (F.), Les fondements spirituels du pouvoir au royaume de Loango, O.R.S.T.O.M, Paris, 1973.

4- HAGENBUCHER-SACRIPANTI (F.), op. cité.

5- SORET (M.), Histoire du Congo-Brazzaville, Paris, Berger-Levrault, 1978.

6- Mwe Maloangu MPoati 1er, connu sous le nom de Kamangu Wukama N’bu «Kamangu qui assécha la mer », le roi thaumaturge ayant joué le rôle de providence pour son peuple. En effet, ce monarque marqua à jamais la conscience collective par ses hauts faits. L’étendue de sa puissance était telle qu’il réalisa des miracles et prodiges, au point de rendre docile une mer déchaînée et houleuse, afin de permettre à son peuple confronté à une pénurie alimentaire de s’y procurer du poisson.

7- Ethnonyme et glossonyme des peuples s’étant établis dans le massif forestier du Mayombe, au Congo-Kinshasa, en Angola et au Congo-Brazzaville.

On dénombre, par exemple, les Yombe de Matadi, Boma et Moanda, de Cabinda, de Mvouti et les Sara, de Loaka, Magne et Kakamoeka. Sur le plan linguistique, les dialectes Yombe varient d’une zone à l’autre.

8- MULINDA Habi B., La société Woyo : structures sociales et religieuses, vol. I, thèse de doctorat en sciences sociales, ULB, 1985, p. 222.

Cette colonie de ressortissants du Loango a fini par s’intégrer et s’est fondue à la masse de la population autochtone yombe. C’est ce qui explique certainement la forte présence des noms propres du Loango chez les Yombe du Congo-Kinshasa.

9- Nom du fleuve Congo dans les langues du Loango.

10- Après la sécession de ces deux derniers États, la frontière Sud du Loango sera établie à la rivière Tchiloango (Cabinda).