Robert Stéphane Tchitchelle est né le 12 janvier 1914, dans la localité de Yaya, dans la sous-préfecture de Hinda, département du Kouilou, à vingt kilomètres environ de Pointe-Noire. Après ses études à la mission catholique de Loango, Robert Stéphane Tchitchelle entre au Chemin de fer Congo océan (Cfco) dès les premières heures de la création de cette entreprise. Il est plus tard nommé chef de gare de Pointe-Noire et devient par la suite le premier secrétaire du syndicat des cheminots. Robert Stéphane Tchitchelle fait son entrée en politique lorsqu’il participe, en 1946, à la création du Parti progressiste congolais (PPC), le parti fondé par Jean Félix Tchicaya, le député du Moyen-Congo à l’Assemblée nationale française.
Bras droit de ce dernier jusqu’en 1956, Robert Stéphane Tchitchelle sera le principal organisateur du PPC dans sa région natale du Kouilou. C’est aussi grâce à lui que la majorité des suffrages des cheminots allaient au PPC. De 1947 à 1957, Robert Stéphane Tchitchelle a siégé au Conseil de l’Afrique équatoriale française (AEF) et fut membre de l’Assemblée territoriale du Moyen-Congo. Jusqu’en 1955, Robert Stéphane Tchitchelle était considéré comme le probable dauphin de Jean Félix Tchicaya. Contre toute attente, il va se brouiller avec ce dernier divorce avec le PPC. C’est ainsi que Robert Stéphane Tchitchelle va se rallier à l’abbé Fulbert Youlou pour créer un nouveau parti en 1956 : l’Union démocratique pour la défense des intérêts africains (Uddia).
Le départ de Robert Stéphane Tchitchelle du PPC fut un tournant dans la vie politique congolaise. Car il sonna le glas du PPC. En 1956, le PPC va enregistrer une défaite (la première) aux élections municipales. Robert Stéphane Tchitchelle va faire passer la victoire à son jeune parti, l’Uddia. Tête de liste de l’Uddia à Pointe-Noire il est élu le 18 novembre 1956 maire de la ville de Pointe-Noire et sera le premier maire noir de la ville océane. Il prend ses fonctions le 23 novembre 1956 et les perd le 15 août 1963 suite à un mouvement populaire. La carrière politique de Robert Stéphane Tchitchelle va connaître un essor brillant de 1957 à 1963, en occupant les fonctions de ministre du Travail, de la santé et des affaires sociales au Conseil du Gouvernement dirigé par Jacques Opangault. A partir de la proclamation de la République du Congo en novembre 1958, il est nommé successivement vice-président du Conseil des ministres, ministre de l’Intérieur et des affaires étrangères. Le 12 juillet 1960, il fit partie de la délégation congolaise dirigée par l’abbé Fulbert Youlou, qui signa les accords de Matignon. Ces accords assuraient le transfert de compétences des autorités françaises aux autorités congolaises.
Suite aux événements des « Trois glorieuses » d’août 1963, Robert Stéphane Tchitchelle est arrêté, jugé par le tribunal populaire et condamné aux travaux forcés avec perte de ses droits civiques et confiscation d’une partie de ses biens. En 1967, il sera amnistié et libéré par le Gouvernement du Mouvement national de la révolution (MNR). En 1970, le gouvernement du Parti congolais du travail (PCT) reconnaissant ses mérites et son dévouement à la nation le nomme directeur du CFCO. Il s’est éteint le 25 octobre 1984, à l’âge de 69 ans, précisément l’année où le CFCO célébrait son 50è anniversaire. Il a laissé à la République plusieurs enfants parmi lesquels le médecin-colonel Xavier-François Tchitchelle.
Bruno Okokana
Source : adiac-congo.com