Bo wakuwu ti yenda Bwaali wuyangalala yaka boonga yi n’kasi Mamboma ?
« S’il est dit qu’il faut aller à Bwaali se réjouir, cela signifie-t-il qu’il faut courtiser même l’épouse du Mamboma ? »
Cela se dit pour fustiger, réprouver tout comportement incongru, impudent, effronté, délictueux, blâmable et répréhensible.
Il convient de signaler que naguère, à l’époque médiévale, suite à la restructuration institutionnelle et depuis la deuxième dynastie issue de N’nombo Sinda, nos illustres ancêtres avaient mis sur pied un système politique caractérisé par une monarchie élective dont le monarque avait un pouvoir limité sinon bridé. En fait, la conséquence directe du pouvoir absolutiste par la première dynastie des Buvandji est telle qu’au Loango, le roi règne mais ne gouverne pas.
En outre, il y était attesté l’existence d’un gouvernement à la tête duquel il y avait le Mamboma Tshilwaagu “Premier Ministre” du Royaume de Loango. Ce dernier avait également la charge de rendre la justice. Aussi, jouissait-il du droit de prononcer la peine capitale pour certains crimes gravissimes. Pour ce faire, les premiers européens ayant séjourné au Loango l’ont attribué le sinistre sobriquet de “Capitaine mort.”
Il est donc aisé de comprendre le risque insensé et loufoque de celui qui osait faire la cour et sortir avec la femme d’un tel personnage. En fait, il fallait avoir l’instinct suicidaire pour poser cet acte combien audacieux et périlleux.
En somme, on ne dira jamais assez que le Royaume de Loango a toujours promu des idéaux libertaires. Mais dans cette parémie, il est mis en exergue le fait que la liberté a ses limites. Tout est permis et tout n’est pas permis. La liberté est par excellence la première richesse de l’individu. Sous ce rapport, l’exercice de la liberté est indispensable au citoyen, mais il importe de savoir la gérer à bon escient. C’est pourquoi la jouissance des libertés individuelles n’est pas une licence pour le libertinage, l’anarchie et la violation des lois et conventions sociales. Et quand on prend le risque d’enfreindre la loi, il faut s’attendre à subir la loi dans toute sa rigueur. Dura lex sed lex “La loi est dure mais c’est la loi.”
René Mavoungou Pambou
Bowamona Keb’ Nitu
Ntu mbali wuta Lwangu
“La tête pensante qui déclame le Loango”
Ethnolinguiste de formation
Linguiste-bantuiste et chercheur en civilisation Kongo
Promoteur de la vilitude