Mbwa wufwiila tshilaamba.
« Le chien meurt victime de sa concupiscence. »
Bunuumba kulutila kutshituka n’dongu tshikala-bwaanga.
« Une lubricité effrénée fait de l’homme un esclave du vagin. »
Il est de notoriété publique que le sexe de la femme est non seulement doté d’une puissance d’attraction irrésistible, mais elle a le pouvoir d’anéantir la capacité de résilience de l’homme, de l’affaiblir au point d’en faire un n’dongu tshikala-bwaanga « esclave du vagin » et, parfois à terme, d’être victime d’infortune pour n’avoir pas su maîtriser sa concupiscence. On ne peut ainsi aimer éperdument le sexe au point d’en devenir un esclave. A contrario, il faut avoir la force de l’esprit pour résister et réprimer l’appel du sexe d’en face; ce qui n’est pas donné à n’importe qui. Hélas, il faut admettre qu’il y’a des choses qui surviennent dans la vie d’un homme et qui échappent parfois à son contrôle, dont cette quasi irrésistible et irrépressible puissance d’attraction du sexe de la femme qui souvent l’envoûte au point de le détruire.
C’est pourquoi la convoitise de la chair du moins la passion sexuelle, surtout non maîtrisée, peut, au premier abord, sembler inoffensive, mais se révèle parfois être un ennemi mortel. D’où les crimes passionnels dont sont victimes des hommes qui souvent, aveuglés par les pulsions de la chair, se jettent à corps perdu dans les bras d’une femme mariée et finissent par être surpris dans une position scabreuse et y laissent la peau. Ici la relation de cause à effet est manifestement avéré, comme cela est clairement énoncé dans les parémies ci-après :
Fwiili tshi n’kisi, tshi n’kisi kuliili.
« Qui meurt des sortilèges du n’kisi, il a mangé quelque chose du n’kisi. »
Tshizola muutu tshya tshifwiila muutu.
« Ce que l’on aime passionnément, c’est ce qui perd l’homme. »
Kuzola buteela bu ntshima, kuvitika miduumba.
« Aimer la chasse aux singes, c’est accepter les culbutes. »
On aura donc compris par là que l’ardent désir irrépressible de la jouissance sexuelle peut se transformer en une boulimie sexuelle compulsive et effrénée ou addiction sexuelle incontrôlée capable d’entraîner la déchéance de l’homme sinon sa mort.
Et les Saintes écritures en font également écho :
« Quelqu’un mettra-t-il du feu dans son sein, sans que ses vêtements s’enflamment ? Quelqu’un marchera-t-il sur des charbons ardents, sans que ses pieds soient brûlés ? » Proverbes 6.27, 28
Tout comme on ne peut pas marcher sur des charbons ardents sans se brûler, on ne peut pas constamment rechercher la jouissance sexuelle de manière incontrôlée sans s’exposer à des conséquences fâcheuses. Bien évidemment c’est un exercice périlleux que de marcher sur le fil du rasoir !
Les pulsions sexuelles incontrôlées peuvent aussi conduire un individu à briser la vie d’autrui. Le cas le plus emblématique c’est celui de David dont l’histoire est relatée dans la bible. En fait, David fut un géant spirituel, et pourtant, n’était pas assez fort pour surmonter sa convoitise après que ses pulsions sexuelles avaient été stimulées.
David en tant que grand homme de Dieu, c’est lui qui composa un grand nombre de psaumes. Il a été le plus grand roi que la nation d’Israël ait jamais eu. Toutefois, David s’est laissé dominer par la convoitise de la chair et a perdu le contrôle au point de devenir un esclave du vagin. C’est ainsi qu’il s’est rendu coupable de deux péchés les plus terribles qu’une personne puisse commettre.
Je me permets ici de faire un résumé de l’égarement sexuel de David et de la tragédie familiale qui en a résultée. En fait, la Bible nous raconte avec précision comment cela s’est produit. En se promenant une nuit sur le toit de son palais, David a vu une belle femme qui se baignait. Quelquefois on ne peut éviter le premier regard, mais David s’est bien rincé l’œil en regardant avec instance la femme dans son bain, jusqu’à ce qu’il a réveillé une pulsion sexuelle et par la suite les feux de la passion ont fini par enflammer son cœur. C’est alors qu’il a envoyé chercher Bath-Schéba et a commis l’adultère avec elle.
Quelque temps plus tard, Bath-Schéba a envoyé un message à David pour l’informer qu’elle était enceinte. Étant donné que le mari de Bath-Schéba était parti depuis un certain temps déjà pour raisons militaires, David s’est rendu compte que son péché d’adultère ne tarderait pas à s’ébruiter et à être connu de tous.
Mais pour cacher ce péché qui entamait son honneur et pouvoir se marier avec Bath-Schéba, David s’est arrangé pour faire tuer son mari. Aussi, croyait-il avoir réussi à dissimuler ses péchés d’adultère et de meurtre, mais la Bible dit que « Ce que David avait fait déplut à l’Éternel. »
À cause des péchés de David, Dieu a envoyé vers lui le prophète Nathan pour lui faire savoir que “l’épée” ne s’éloignerait jamais de sa maison. Cela voulait dire que David allait connaître beaucoup de chagrins et de tragédies dans sa famille. Et, de fait, tout s’est passé comme Dieu l’avait déclaré.
Le fils que Bath-Schéba a mis au monde est mort. Amnon, un des fils de David, a commis l’inceste en violant sa demi-sœur Tamar. Un autre de ses fils a assassiné Amnon. Et plus tard, Absalom, un autre des fils de David, a mené une rébellion contre son père et a été tué dans la bataille. Tous ces événements étaient les conséquences terribles du péché de David.
Il sied cependant d’affirmer que nul non plus, ne pourra surmonter sa convoitise s’il permet à ses passions d’être stimulées. En effet, personne ne peut rechercher la stimulation sexuelle, en se comportant en prédateur sexuel invétéré, et s’y exposer continuellement sans tomber dans des situations compromettantes sinon périlleuses.
C’est pourquoi il est aisé comprendre le fait que de nos jours des scandales sexuels récurrents au sein de l’église qui défraient la chronique. Bien évidemment, même des prélats finissent par trébucher sur la pierre d’achoppement que sont les pulsions charnelles et, en conséquence, sacrifier leur vocation spirituelle sur l’autel de la jouissance sexuelle? A l’évidence, l’homme n’est pas un dieu, car quelle que soit sa condition, il est prompt à céder aux pulsions de la chair ; c’est pourquoi il est dit : « C’est l’esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien » (Jn 6.63); « L’esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26, 41). On aura donc compris que seule la force de l’esprit permet à l’homme de transcender les pulsions basses de la chair.
On ne dira jamais assez que l’activité sexuelle est un besoin naturel primaire de l’espèce humaine, au même titre que la nourriture. Mais on devrait cependant avoir présent à l’esprit le fait qu’on peut résister aux pulsions sexuelles sans en subir le moindre effet nocif. Les pulsions sexuelles diffèrent cependant des pulsions de la faim, en ce qu’on ne peut pas survivre bien longtemps sans manger, alors qu’on peut résister aux pulsions sexuelles indéfiniment, sans la moindre conséquence nuisible. Il ne fait cependant aucun doute que le sexe est important, mais il n’est pas essentiel pour jouir de la vie. En effet, il est des personnes qui passent toute leur vie sans avoir de relations sexuelles, et cela ne les empêche pas pour autant de vivre une vie heureuse et épanouie.
Du reste, le sexe en soi ne saurait être une mauvaise chose, tant c’est un merveilleux don de Dieu. C’est pourquoi il faille souligner le fait qu’une vie sexuelle épanouie participe au bien-être psychologique, moral et physique d’une personne. Mais lorsque l’appétit sexuel est exacerbé et que le besoin de s’adonner aux joies de la chair devient incontrôlable, c’est là que le bât blesse. Bien évidemment, il faut se garder d’allumer “les feux de la convoitise et de la passion sexuelles” de manière désordonnée, incontrôlée et compulsive, à moins d’avoir une bonne soupape pour laisser échapper les terribles pressions physiques et émotionnelles qu’on a laissé monter en nous. Mais le plus important réside surtout dans le fait de savoir se ressaisir et contrôler des pulsions sexuelles dévorantes susceptibles d’orienter inexorablement l’individu sur une pente fatale.
René Mavoungou Pambou
Bowamona Keb’Nitu
N’tu mbali wuta Lwangu
“La tête pensante qui déclame le Loango”
Ethnolinguiste de formation
Linguiste-bantuiste et chercheur en civilisation Kongo
Promoteur de la vilitude