Seule la pratique active et effective d’une langue garantit sa survie et sa pérennisation.
De la nécessité d’un comité scientifique pour la viliphonie
Un comité scientifique est un organe de réflexion chargé de proposer des idées et de nourrir le débat sur les modalités et les moyens de la concrétisation d’un projet d’utilité publique, en l’occurrence celui de la viliphonie et la vilitude ; lesquelles se sont respectivement assignées pour objets la défense et la sauvegarde du tshivili et le patrimoine culturel immatériel du Loango.
Les membres du comité scientifique représentent une discipline scientifique ou un domaine donné des sciences humaines, notamment la linguistique alliée à l’ethnologie et l’anthropologie. Ils travaillent en collaboration et forment une synergie d’idées et d’actions dont la finalité est de partager et promouvoir la recherche ainsi que les résultats qui contribuent au développement et à l’épanouissement de la viliphonie ainsi que la vilitude.
Quels contenus donner aux concepts et vocables viliphonie et vilitude ?
Il convient de signaler que les vocables viliphonie et vilitude ont été respectivement forgés par le génie créatif de deux fils du Loango que sont le patriarche François Soumbou et René Mavoungou Pambou ; lesquels sont engagés dans un combat d’avant-garde pour la défense et la sauvegarde du tshivili. Bien évidemment, leur volonté affirmée étant de concéder un ballon d’oxygène inespérée à la vilitude moribonde. Ils sont cependant conscients du fait que le tshivili, en proie à une glottophagie ambiante avérée, perd inéluctablement du terrain chaque jour davantage. En outre, le patrimoine culturel immatériel est, quant à lui, l’objet d’un culticide inexorable et implacable, du fait du viol de la civilisation du Loango ponctué d’un impérialisme culturel triomphant.
Il y a cependant lieu de présumer que les termes viliphonie et vilitude auront, à coup sûr, la vocation d’être imprimé dans la conscience collective et resteront dans l’histoire de l’évolution du tshivili et du patrimoine culturel immatériel du Loango. C’est pourquoi il a été jugé utile de mentionner les personnes ayant œuvré pour leur existence. A cela s’ajoute un fait non moins important, les œuvres de l’esprit relèvent indéniablement d’un certain génie ou potentiel inventif, créatif et imaginatif, donc s’inscrivent dans le domaine de la propriété intellectuelle.
Viliphonie :
Nous entendons par viliphonie, le fait de l’expression et de la pratique actives du tshivili ; laquelle langue est le support d’un potentiel culturel et de l’univers de signification qui sont l’héritage commun d’un peuple disséminé sur un espace géographique donné, notamment trois pays d’Afrique centrale : Congo-Brazzaville, Angola (enclave du Cabinda), Gabon. De ce fait, la viliphonie rassemble en son sein des langues apparentées de souche kongo que sont le kiyombi, kotshi, woyo, lindji, lumbu dont l’intercompréhension est attestée entre leurs locuteurs respectifs et ceux du tshivili.
Vilitude :
Quant à la vilitude, c’est la prise de conscience du fait d’être n’vili et surtout l’acceptation de ce fait alliée à la considération et la pratique du tshivili. En fait, elle consiste en la prise en compte de la somme des valeurs culturelles, spirituelles, ataviques ontologiques et l’histoire du peuple vili ainsi que la valorisation de l’outil linguistique, héritage unique, qu’est le tshivili. En somme, il s’agit d’un état d’esprit et la reconnaissance d’appartenir à cette entité ethnique du Loango. A cela il sied d’ajouter le fait d’en être fier et d’assumer cette vilitude de manière décomplexée à la face du monde.
Le sursaut pour la viliphonie et la vilitude est d’autant plus impératif qu’il constitue un combat existentiel.
Exister à travers la langue et la culture de l’autre est une existence par procuration, chimérique, précaire et au rabais, tant on subit un double impérialisme : linguistique et culturel, dont il y a lieu de redouter la glottophagie et la culticide ambiantes. La langue et la culture non seulement qu’elles représentent une richesse inestimable, mais sont aussi des marqueurs identitaires. Sous ce rapport, il est donc impératif d’œuvrer en vue de leur préservation avant qu’il ne soit tard. C’est pourquoi, peuple de Loango, j’estime que le sursaut salvateur quant à la défense et la sauvegarde de nos valeurs ataviques, ontologiques et notre univers de signification participe de notre survie en tant que peuple.
Nkooko : Dans la société traditionnelle Kongo et notamment au royaume de Loango, cet instrument revêtait une fonction spécifique qui est la communication au sein de la communauté : diffuser et véhiculer des messages vers les villages voisins. C’est une sorte de téléphone dont le destinataire devait décoder le message codé en forme de sons spécifiques. Généralement, les sons produits devaient porter sur une distance importante (10 à 15 km). Il était également utilisé pour envoyer des messages sur l’ensemble du territoire contrôlé par le roi. Étant donné le fait que l’eau est un excellent conducteur acoustique, le tambour à fente était souvent placé le long d’une rivière. En fait, les nkooko se trouvant dans des villages, souvent éloignés les uns des autres, servaient alors de relais. En d’autres termes, le premier nkooko envoie le message, le nkooko suivant capte le message et le transmet à son tour et ainsi de suite jusqu’à ce que l’ensemble du territoire soit couvert de manière effective. En somme, la langue étant fondamentalement et par excellence un outil de communication, il a donc été jugé utile que le nkooko, instrument emblématique revêtant la même fonction sociale, soit le symbole de la viliphonie.
Tshikunda : c’est un instrument par excellence sacré et emblématique de la spiritualité du peuple kongo de Loango. En effet, son usage intervient dans le cadre magico-religieux pour l’éveil et l’interpellation des esprits chtoniens en vue de leur communion avec les êtres humains. En outre, il est manifestement symptomatique de la résilience à l’impérialisme culturel.
Le tshikunda est le symbole le plus prégnant de la vilitude dans la mesure où cet instrument, qui non seulement est au cœur de la civilisation, mais consacre l’attachement l’homme du Loango aux forces de la nature ou puissances numineuses, sans lesquelles son existence n’a de sens ; et ce, en vue surtout du bien-être social et d’une vie communautaire harmonieuse.
René Mavoungou Pambou
Bowamona Keb’Nitu
N’tu Mbali Wuta Lwangu
“La tête pensante qui déclame le Loango”
Ethnolinguiste de formation
Linguiste-bantuiste et chercheur en civilisation Kongo
Promoteur de la viliphonie