Les Notables « Fumu si »

C’est le chef local, détenteur des terres de ses ancêtres.

Fumu si est le gardien de l’homogénéité et de la fécondité de son Clan, dont il assure la pérennité et la prospérité par son rôle d’intermédiaire et de conciliateur entre les vivants et les morts. Il a aussi la fonction de prêtre (« tchinthomi ») invocateur du Nkisi si, divinité de la terre.

L’importance déterminante du culte de ces génies peut en partie expliquer la primauté politique des clans locaux après la conquête du pays par les Buvandji. Ces derniers triomphateurs n’ont pas acquis les droits spirituels sur les terres des régions conquises. Ils ont pu affermir leur puissance qu’en respectant un dispositif spirituel sur lequel pouvait seule se fonder toute autorité.

La vacance du pouvoir causée par la mort du neuvième roi Buvandji fut la conséquence de l’impossibilité d’assurer la succession royale en ligne utérine. Les Fumu si, les plus puissants, regroupés autour des divers prétendants, s’affrontèrent dans de stériles disputes, ils affirmèrent que la royauté était alors héréditaire.

Parvenus à un accord, les 27 clans primordiaux de Diosso envoyèrent une délégation au village Banana, non loin de Moanda, où se trouve le sanctuaire (« tchibila ») consacré à Bun : zi, entretenu et gardé par le Tchinthomi Tchibun : zi. Consulté sur le moyen de résoudre la crise politique, ce dernier ordonna qu’on lui amenât « quelqu’un de sacré ». Le caractère ambigu et lapidaire de cette recommandation plongea les notables de Bwali dans la plus grande perplexité…

Après avoir longuement délibéré, une fillette fût choisie au-delà du Mayombe, et les Singangue (devins) et bithomi (prêtres) s’activèrent pour lui doter de nombreux pouvoirs avant de la faire escorter par terre jusqu’à Moanda. Ils voyagèrent loin de la mer tout en évitant de traverser certains cours d’eau habités par des puissances dangereuses, suivant les consignes qui leur avaient été donnés. La fillette fut nommée Nombo Sinda, élevée par le Nthomi Bun : zi, puis déflorée et fécondée par lui. Elle fut alors ramenée par mer et débarqua non loin de Diosso, sur une place qui reçut de cet événement et porte encore le nom de Sinda.

Nombo Sinda appartenait au clan Nkondi et fut mariée à un homme et donna naissance à une fille qu’elle dénomma Moë Nthumba, puis à un fils, Moë Poati, qui devait être le premier héritier de la nouvelle dynastie.

Très tôt la nouvelle dynastie se scinda en deux clans dont la rivalité politique attribua aux 27 clans primordiaux de Bwali un rôle décisif d’arbitre électoral.

« Le Malwa : gu » s’était disputé avec l’un de ses frères, qui quitta Bwali et, suivi des siens, pour aller s’installer dans la province de Mbanza Kanu. L’exilé volontaire reçu un jour la visite d’un messager qui lui apprit que le roi était malade et désirait le voir.

Saisissant un support circulaire de raphia servant à protéger la tête des porteurs de lourdes charges (« Nkata en Vili»), il se pencha sur cet objet insignifiant et simula une grande activité en déclarant qu’il était occupé à tresser des sinkata (pluriel de nkata) et qu’il ne pourrait rejoindre Bwali qu’une fois cet important travail terminé.

Informé de cette réponse, l’entourage de Malwa : gu affubla l’insolent du sobriquet de Fumu Nkata. La descendance de ce réfractaire forma un clan qui porta le nom de Nkata.

La diminution de la puissance des Fumu multiplia en effet le champ d’initiatives et de combinaisons politiques des clans locaux, particulièrement ceux de Bwali qui profitèrent, par ailleurs, au maximum de la scission du clan royal en deux branches rivales.

La cour royale

Le roi était toujours assisté par un conseil de gouvernement (cour royale). Les membres du conseil de gouvernement sont choisis dans le clan royal mais les autres clans du royaume peuvent être également représentés à la Cour : les différents corps de métiers (forgerons, tisserands…), les représentants de chaque province, etc.