De prime abord, il sied de signaler qu’au Loango, une tradition veut que tout prétendant au trône puisse s’attribuer un nom significatif et spécifique de règne différent de son patronyme de naissance. C’est dans cette perspective que le Prince sacral François Moë FOUTI-LOEMBA, pour se conformer à la tradition, a choisi le nom de MPAKA N’TUKUNI dont nous nous proposons d’en faire l’exégèse onomastique afin d’en revéler la quintessence du moins le potentiel sémantique.

MPAKA : étymologiquement ce vocable veut dire “doute”. Exemple : biika simpaka ! cesse avec les doutes ! Nous avons aussi l’expression Kufiinda simpakadouter

Mais il revêt une autre acception dans le sens de « différend, malentendu, controverse, discorde, dissension. » Exemple : basa kaanda bafindana mpaka il y a discorde entre des membres du clan.

N’TUKUNI dérive du verbe kutukuna « apaiser, adoucir, aplanir, concilier, dissiper, accorder, arranger, harmoniser. »

N’TUKUNI se comprendrait donc comme celui qui apaise, concilie et harmonise des rapports entre individus au sein de la communauté. Et par extension, il est considéré comme une personne qui incarne sinon garantit l’unité, la concorde et la cohésion sociales en vue du vivre ensemble et d’une vie en bonne intelligence entre différentes entités ethniques au sein d’un même État.

Il convient donc de souligner que le fait de s’attribuer comme nom de règne MPAKA N’TUKUNI, cela voudrait dire que l’interessé s’investit dans le noble rôle de rassembleur, d’unificateur, de fédérateur. Le choix de ce nom, fort puissant du point de vue sémantique, est d’autant plus judicieux qu’il y a une volonté manifeste d’assumer opportunément un sacerdoce dans un contexte sociologique et sociétale où le Loango est confronté à des convulsions avérées, notamment la marginalisation d’une partie des forces vives de la terre des Maloango de la gestion des affaires du Royaume. Il s’avère donc impérieux de reconsidérer toutes les entités ethniques existant sur toute l’étendue de la terre ancestrale. On ne dira jamais assez que la diversité ethnique induit une richesse culturelle inestimable sinon une mine de possibilités qu’il convient de prendre en compte dans la perspective de développement durable du Royaume !

A l’évidence, la diversité ethnique est une mine de possibilités, tant la richesse des points de vue et des expériences apporte une variété d’idées, de perspectives, de connaissances et de compétences qui peuvent améliorer de manière significative la capacité d’une communauté à prospérer. Toutefois, les avantages que cette diversité peut apporter au développement dépendent du niveau de cohésion de la communauté. Pour ce faire, les sociétés qui atteignent un niveau élevé de cohésion sociale sont bien situées pour réaliser pleinement leur potentiel social et économique.

Mais il y’a lieu de déplorer le fait que trop souvent, la diversité est devenue la source de problèmes plutôt qu’une force de développement social et économique. Aussi, observe-t-on un peu partout dans le monde, des dissensions et tensions ethniques inutiles qui s’intensifient. En fait, la division de la société en factions adverses, segmentée en une multitude de communautés, a un impact négatif sur la vie de notre communauté.

En outre, nous ne pouvons plus accepter encore moins tôlérer le désengagement social, la séparation, l’exclusion et la ségrégation sociales des divers éléments de la société. Hélas, les sociétés composées de plusieurs ethnies sont sujettes aux dissensions, troubles civils et à l’instabilité, ce qui entrave le processus social et économique de la communauté ainsi que le développement durable. Pour résoudre ce problème social fondamental, il faut un changement organique qui repose sur la reconnaissance commune de notre unicité humaine au sein du Royaume de Loango.

Pour réaliser ce cher projet du moins ce sacerdoce de rassembleur, d’unificateur et de fédérateur, il convient donc de combler la distance sociale et émotionnelle qui existe entre les personnes appartenant à des ethnies différentes par une association étroite et leur implication à la gestion des affaires du Royaume. Bien évidemment, les communautés qui renforcent intentionnellement et systématiquement les liens de confiance entre les peuples issus d’ethnies différentes élèvent leur niveau de cohésion sociale, ce qui leur permet de tirer profit des avantages de la diversité tout en réduisant les risques de conflit destructeurs.

En somme, pour le nouveau souverain du Loango, sa majesté Moë MPAKA N’TUKUNI, il est plus que jamais important d’engager une dynamique sinon une politique volontariste d’unification des forces vives du Loango, afin que soit traduit dans les faits l’emblème du Royaume cher à nos illustres ancêtres, à savoir : likaanda likooku lisiimba sambwaali li mbota « la paume de la main qui tient sept étoiles » ou « La main aux sept étoiles ». On ne dira jamais assez que l’avenir du Loango est à ce prix !

René Mavoungou Pambou
Bowamona Keb’Nitu

Pour en savoir plus :

Qui est le Ngaanga Mvuumba François Moë FOUTI-LOEMBA, Moë Mpaka N’tukuni ?